Souviens-toi, Marie, ses rêves, sa vision différente. Marie femme-enfant, perdue (pour les autres) dans ses mondes intérieurs.
Il fait gris en cet après-midi de printemps. La pluie est au rendez-vous comme chaque jour depuis plusieurs semaines maintenant. Les trottoirs glissants appellent les passants à la prudence. Les ponts ne supportent plus qu’eux-mêmes, quant aux petits chemins ils ne sont que lointains souvenirs. Marie regarde par la fenêtre de son petit appartement situé au dixième étage. Elle se sent bien là-haut. Elle y côtoie les nuages et les vols d’hirondelles, se repose parfois sur les ailes d’un ange, raconte à la lune des histoires improbables et aux étoiles filantes l’impatience des hommes. Elle aime à dire qu’elle habite cette frontière si ténue entre rêve et réalité, entre l’olympe et cette terre qui l’a vue naître. Elle vit entre deux mondes Marie ; elle est une femme-enfant. Mais qu’est-ce qu’être une enfant quand on a plus de trente ans ? Avoir des rêves ? S’émerveiller du simple vacillement d’une petite flamme qui fait de la bougie un volcan miniature ? Aimer les sorcières, les grimoires, les formules magiques, les amours passionnés ? Croire que tout est possible et que trembler est d’une grâce infinie ? Que pleurer n’est pas signe de faiblesse mais source de poésie ? Que le nuage qui passe est bien plus qu’un nuage ? Que la goutte de pluie renferme l’océan ? Que l’enfant qui sourit au vieillard qui se courbe a en lui et la Vie et la mort, toute l’éternité ? Marie, femme-enfant. Marie la décalée, la marginale, la paumée. On lui parle performance, réunion, elle répond « il est l’heure de goûter ». Goûter à l’essentiel et goûter à l’intense, aux parfums du jasmin et au thé à la rose, à la nuit qui paraît au silence qui s'installe, à l’aurore qui viendra la rose qui s’ouvrira.
Le vent frappe aux carreaux, la lune est au zénith. Il n’est pas encore l’heure d’être grand.
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